Dans cette page, vous trouverez :
- une compilation des exercices théâtraux (classiques) que nous pratiquons de temps à autres. (En construction).
- un pot-pourri de "cadavres exquis" issus de nos cogitations pendant cette période si spéciale de pandémie 2020/2021.
En effet, pendant une année, nous avons continué de nous réunir par Internet interposé et de préparer un nouveau spectacle.
Nous avons prolongé une première phase d'exercices de jeux d'écriture par la création de sketchs initiés à plusieurs (chaque auteur prenant la suite du précédent) et remaniés en commun.
Voici quelques exemples d'exercices que nous pratiquons de temps à autres,
et notamment avec les nouveaux membres qui intègrent la compagnie.
Oh miroir, mon beau miroir !
Nombre
Groupes de 2 personnes.
1 meneur (qui peut participer)
Durée
3 à 4 minutes par tour.
Prévoir à minima deux tours pour que chaque participant soit au moins une fois « modèle » et une fois « miroir ».
Objectif
Être attentif à l'autre et l'imiter le mieux possible.
Développer le sens de l'improvisation tout en tenant compte de l'autre.
Déroulement
On place les participants face à face par paire.
L'un des deux participants est désigné comme "modèle".
Celui-ci improvise et fait ce qu'il veut : gestes, grimaces, mime, sons, etc.
Privilégier les actions lentes.
L'autre participant, désigné comme « miroir » doit imiter le premier comme l'image d'un miroir (donc inversé) en "collant" le plus possible au moindre de ses mouvements et de ses sons.
Au bout de quelques minutes, le meneur tape dans les mains. Le « miroir » devient « modèle » et inversement.
Il est possible de renouveler plusieurs fois le changement de rôle.
Il est possible également de changer les groupes de deux.
Le meneur décide de la fin de l'exercice.
Attention
Pour le « modèle » : ne pas piéger l'autre, par exemple avec des mouvements trop brusques ou des sons trop brefs et rapides. Ne pas se retourner et penser à rester toujours visible par l'autre.
Pour le « miroir » : continuer à imiter l'autre même si ce n'est pas exactement identique. Ne pas s'arrêter et rester très attentif.
Variante(s) possible(s)
1) Si le nombre de participants est impair, il est possible qu'un « modèle » soit associé à deux « miroirs ».
2) On peut faire ce même exercice en ligne (ou en cercle) à plusieurs. Le « modèle » est en "face" de tous les autres participants placés en ligne (ou en cercle) qui seront les « miroirs » multiples. Prévoir un écartement suffisant entre chaque participant « miroir ». Chaque participant deviendra « modèle » à tour de rôle.
Rassurez-vous, nous n'avons tué personne !
Qu'est-ce donc qu'un cadavre exquis ?
Le cadavre exquis est un jeu qui consiste à faire composer une phrase, un texte ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne connaisse, tout ou partie, des créations des autres. Nous avons joué et proposé des variantes à cet exercice pendant le premier confinement.
Voici les résultats.
Principe :
Pas de thème imposé
Ordre personnes imposé
5 lignes maxi
Seuls les 10 dernièrs mots sont transmis au suivant
1 Jérôme
Chers Français, chères Françaises,
Dans ces temps de confinement et d'adversité, il me semble nécessaire de mettre en
place des mesures drastiques pour que l'humour et le théâtre triomphent. C'est
pour cette raison que j'ai décidé de
2 Gérard A
jeter un violent coup de pied dans fourmilière et reprendre mon destin en main.
L'homme tourna la tête et me regarda d'un oeil noir, perçant et rond. "Crois-tu que
la voix de la foule clame la vérité à tout cri ? Et Andromède alors ?". Il releva le
deuxième oeil, bleu comme le ciel dans le déchirement soudain des nues. Et il hurla
: "Voilà ! Vois là !". "La voilà ! Vois-tu la voie que la voix dévoie ?"
3 Jean-Claude
À ce propos, cela me fait penser à mon cousin qui travaille à la sncf.
Je dois reconnaître qu'il déraille un peu depuis qu'il s'est arrêté de fumer et qu'il
s'est mis à l'électrique.
4 Yann
En revanche, il a fait le chemin inverse avec sa tondeuse. Il a troqué celle
électrique qui était défectueuse pour une à main. Comme l’autre, ce changement
est passé comme une lettre à la poste. Il se demande d’ailleurs si les boites aux
lettres jaunes fonctionnent toujours, en rapport avec sa carte vitale, défectueuse
elle aussi. Eh oui, actuellement, s'il veut la renvoyer, il faut compter
5 Jacqueline
sur Médor ! A son âge, il n’y arrivera pas seul, il ne court plus assez vite.
Heureusement il avait prévu le coup. Il savait que ses fils l’attendaient au virage.
Ils les avaient vus fouiller dans le garage, installer le filet de hand ball dans le
jardin et taper la balle à longueur de journée en le regardant du coin de l’oeil. Alors
la nuit lui, il avait entraîné Médor. Il regarde son fidèle compagnon prendre son
élan. Il saute, la touche, détourne la tête d’un coup brusque.
6 Didier
Une soudaine douleur, puis une chaleur l’envahit. Ce n’est ni le lieu, ni le moment,
mais voilà, une pseudo-vertèbre a craqué. Un signe qu’il reconnait bien. Quelques
larges mouvements de tête lui confirment le diagnostic. Sa mue va commencer.
Dans un quart d’heure, tout au plus, son cou sera raide comme la justice, puis la
paralysie descendra sur ses épaules, le torse et enfin le reste du corps. Seuls les
bras et un peu les pieds seront encore mobiles. Juste assez pour lui permettre de quitter ce corps devenu abimé, et commencer une nouvelle vie.
7 Marie-Ange
Je savais ce que je devais faire. J’attendis la secousse libératrice, patiemment
accroché à une vibrisse de narine. L’expulsion fut sonore et puissante. Projeté dans
un tourbillon aérien, je vis, dans un voyage prodigieusement énivrant, se refléter
dans chaque gouttelette qui m’accompagnait le prisme de ma future destination.
Chute sur l’écran glacé d’un téléphone. Le doigt qui le parcourait avait la grâce
d’une patineuse artistique. Je m’engouffrais sous l’ongle et me préparai à
rencontrer mon hôte dans les plus brefs délais.
8 Gérard G
L’occasion unique de venger toute ma famille était enfin arrivée. Ce moment tant
attendu était désormais proche. Mais pas de panique ni précipitation, je n’avais pas
le droit à l’erreur. Tout devait se passer comme prévu. Car avant de mourir, il
devait absolument découvrir qui j’étais, pourquoi et comment j’avais réussi à le
retrouver et à organiser cette rencontre. Donc j’allais tout préparer
méticuleusement et surtout, surtout, ne pas oublier mes gants, mon masque et le
poison.
9 Lucie
Voilà, je suis prête. Un dernier regard dans le miroir fatigué accroché dans l’entrée.
Miroir, joli miroir…. Dis moi qui sera la plus jolie déguisée ce soir ? Capeline et
gants noirs, longs cheveux blancs, sourire édenté, nez crochu …. Foi de Carabosse,
ce masque est bluffant ! Surtout, ne pas oublier le panier-poison. Il déborde de
petites pommes rouges et luisantes à souhait, juste édulcorées avec un soupçon
d’aconit, cette plante appelée aussi reine des poisons. « Croquez la pomme, mes
jolies ! » Elles n’y résisteront pas….Adieu princesses ! Bon débarras….Quelle
bonne idée cette soirée à thème « contes de fées » !
FIN
Principe :
Pas de thème imposé
Ordre personnes imposé
5 lignes maxi
Seuls les 10 dernièrs mots sont transmis au suivant
1 Gérard G
Perdu. C’est la première fois que cela m’arrive. Pourtant je maîtrise parfaitement
cette forêt, enfin je croyais. Je la connais depuis mon enfance. Le nombre de fois où je m’y suis promené, le nombre de kilomètres parcourus lors de mes courses à
pied. Mais je tourne depuis ce matin et c’est sûr, je suis perdu. Et c’est curieux, je
n’avais jamais vu cette cabane abandonnée. Je frappe depuis vingt minutes et
personne ne répond. Epuisé, c’est décidé, j’ouvre cette lourde porte et je découvre
l'incroyable
2 Jacqueline
beauté de celle qui hante les rêves les plus fous de tous les gars du village. Je ne
suis pas peu fier d’être le premier à réussir l’exploit de franchir le seuil du Couvent
des Martines. Je dévisage, ébloui, la merveilleuse Gardienne de la Porte qui, à ma
grande surprise, m’invite à la suivre sans se faire prier. Bien qu’interloqué par tant
de facilité, je jubile et ne me prive pas de la détailler avec concupiscence. Sa taille
fine enserrée par une cordelette de fils dorés
3 Jérôme
lui donnait l'air d'une nymphe. Je rêvais de plonger mes yeux au fond des siens et
de m'y noyer pour rester à tout jamais auprès d'elle. Hélas le destin et cruel. Ce
matin, l'ai vue inerte au bord du lac.
4 Jean-Claude
Quelle pitié de laisser cet oeuf au chocolat fondre sous le soleil.
Peut-être aurais je la chance de voir ce lac se transformer en un attirant chocolat
liquide. Dommage que je sois seul à en bénéficier. Confinement oblige.
5 Gérard A
Dommageable et inquiétant. Je dirai même, et ce n'est pas cet oiseau que je vois
voler vers le sud pour retrouver un peu de sérénité et fuir les innombrables dangers
qui le menacent; du dessous, du dessus, souffle l'effroi ce cette glaciale bise qui
embrasse et mal étreint les ailes déployées de ce voyageur infatigable (galvanisé
par l'obsession, de refonder une grande colonie loin de ce tumulte) effrayant
6 Yann
me dis-je. De plus, cela implique de devoir quitter pour toujours ma vie d’avant,
perspective encore plus effrayante. La situation l’impose, malheureusement. Ma
décision est prise, je pars les rejoindre. Peut-être quelque chose de bon pourra
sortir de tout cela. En route pour retrouver les futurs colons, je m’aperçois
7 Didier
qu’il faudra vite en reconstruire une. Mais pas une en paille, ni en bois. Mais une
en brique. Ce sera la maison des 3 petits colons. On gardera ainsi les colons
ensemble. Et chacun y apportera sa touche de déco personnel. Un vrai travail de
colons. Elle sera magnifique car tout est bon dans le colon. Allez en route, Colon
qui s’en dédit ! Ils seraient en voiture à ce colon m’a dit. En voici une trace. Mais
je ne sais pas si c’ la r..oue du colon ? Assez réfléchi, courage, en route pour
retrouver ces futurs colons.
8 Lucie
Première étape, la traversée de l’Ile aux Singes. Le petit bateau de pêche me
dépose sur la plage. Je longe la côte rocheuse et pénètre avec quelques angoisses
dans une forêt à la végétation luxuriante. Cris, sifflements, bruissements…La vie
palpite à cet endroit et mon coeur s’emballe. J’ai peur. Je lève la tête. Deux grands
yeux ronds m’observent du haut d’un manguier géant.
9 Marie-Ange
Je ne suis donc pas seule. De sa branche, le regard de l'écureuil géant suit le
moindre mouvement de ce qui reste de ma chemise. Les lambeaux de tissus flottant
autour de moi semblent éveiller sa curiosité. Un ami. Si j'essaie de l'amadouer, il
finira peut-être par ne plus avoir peur. Je pourrais lui faire un nid, et peut-être
même une cage avec les débris du radeau échoué sur la plage. Il égaierait alors mes
soirées, et peut-être même un dîner une semaine de grande disette. Une noisette.
Deux. Trois... Mon stratagème semble fonctionner. Et moi, je me surprends à rêver
d'une vie à deux.
FIN
Principe :
Pas de thème imposé
Ordre personnes imposé
5/6 lignes maxi
Seul le dernier écrit est transmis au suivant
1 Jérôme
Tididit-tididit-tididit ! Il est sept heures huit. Sept heures huit minutes, comme tous
les matins. Plus exact que mon réveil, tu meurs. Un tididit-tididit-tididit strident
qui se répercute sur les murs de ma chambre, sous mon oreiller, puis par une oreille
dans mon crâne. Une véritable explosion. Non ! Pas déjà ! Tididit-tididit-tididit !
Qu’on me fiche la paix ! Je veux pas y aller ! Tididit-tididit-tididit ! Pitié ! J’ai
sommeil. Tididit-tididit-tididit. C’est qu’il se fiche pas mal de mes plaintes, mon
réveil. Au contraire, il semble hurler de plus belle, certain que de toute façon c’est
encore lui qui remportera la victoire... Et il n’a pas tort le bougre. Je suis bien forcé
d’ouvrir un oeil. Je le cherche. Un deuxième oeil vient à la rescousse du premier.
L’ennemi est repéré. Il émerge dans la pénombre, là, en équilibre précaire au bord
de ma table de chevet. Il m’observe d’un oeil sournois. Rira bien qui rira le dernier.
2 Jean-Claude
Et vlan, un grand coup de poing sur cet engin du diable qui ose briser mon
sommeil. Tu fais moins le malin! Tu ne fanfaronnes plus, toi qui m'observe avec
tes yeux numériques rouges. Après cette dure bataille, je préfère rester sommeler
dans mon lit. Humm!!! Tididit-titidit- tididit-titidit ! Ah, le bougre, il n'est pas
mort. Je sens que je vais le transformer en cadavre inerte.
3 Marie-Ange
Et puis, finalement, elle n’est pas si mal cette petite musique… …Tididit-titidittididit-
titidit. Un orteil hors de la couette bat la mesure. Tididit-titidit- tididittitidit…
Un deuxième orteil, le gros pouce de l’autre pied, l’accompagne en
rythme. C’est le moment de se lever. « Get up ! » Allez, je mets en route un petit
James Brown. « Get on up ! » Je sifflote. « Stay on the scene » Douche. Like a sex
machine. Café. « Get up ! » Je claque la porte derrière moi.
4 Gérard G
Je me sens ragaillardi par cette petite musique du matin « Tididit-titidit- tididittitidit
». Mais surtout par James Brown. « Get up ! ». Génial ce James. Je me sens
pousser des ailes. Je marche plus vite que d'habitude pour aller au boulot. Et ce
matin, à ma réunion avec Jacky, je crois que je vais enfin lui dire ce que je pense.
« Sure as you're born. Get it together». « Si t'es vraiment en vie . Ressaisis-toi ».
Eh bien, Jacky, fais gaffe, je vais me ressaisir et tu vas passer un sale quart d'heure.
Je suis bien en vie mais toi, peut-être plus pour très longtemps.
5 Didier
Difficile d’aller moins vite en écoutant James Brown. Je vais quand même ralentir
ma marche. Inutile d’arriver essoufflé au boulot, pour ma réunion. Jacky ne se
priverait pas de me décocher une de ses réflexions qui a le dont de me faire bouillir
intérieurement. Du calme… D’ailleurs, pour ralentir, je vais passer sur « Try me ».
Le roi de la saoul, savait aussi faire des slows. C’est surtout Jacky qui va essayer
mon humeur ce matin. Si j’arrive à rester calme, sans hausser le ton, mais la tête
haute et la voix ferme, je vais enfin lui dire ce que je pense !
6 Jacqueline
Et il va en être sur le cul ! Tiens en parlant de cul il faut que je règle aussi son
compte à Vanessa. Puisqu’elle tient tant à être prise au théâtre des deux boules à la
rentrée il va falloir qu’elle y mette du sien. Qu’elle arrête de vouloir répéter en
jogging. Bon j’attaque comment avec ce con de Jacky ? On a dit la tête haute et la
voix ferme… Je vais l’attaquer sur la grosseur des mailles du filet.
7 Gérard A
Faut dire que les mailles de ton filet cérébral, mon pauvre Jacky, laisseraient passer
le téton de ton intelligence sans toucher de ficelles. Tiens, en parlant de téton, la
Vanessa, pas très fufute non plus celle-là : poitrine haute et cul ferme mais plus
surement prise (si je puis dire) au théâtre des deux boules qu'à la Coooomédie
Fronçaise (comme elle dit). Enfin bon, ça n'explique pas tout.
8 Yann
Même avec le souci de l’irrigation un peu défaillante de leur ciboulot, on arriverait
à faire quelque chose de bien. Mais Vanessa, Jacky et tous les autres membres,
euh… éléments, de la croupe, euh… troupe (mais c’est qu’ils vont me
contaminer !) sont, en plus, au moins aussi portés sur la chose que sur la Chose
Théâtrale. Sûr que tout ça cumulé, pas étonnant qu’on n’y arrive pas pour
l’instant… Mais rien d’insurmontable non plus car oui, je la sens venir en moi,
l'idée salvatrice : tirons parti de tous ces handicaps !
9 Lucie
Allons, recentrons-nous. Il nous faut un sexe, euh….un texte ( me voici
contaminée à mon tour !) pour Septembre. Réfléchissons….Confinement, confit,
confiture, déconfiture…. Qu’est-ce que je peux faire avec ça ?? Des personnages
confinés depuis plusieurs mois, déconfits à l’annonce du déconfinement prochain !
Pas mal, pas mal….Il faut creuser…. Sortiront ? Sortiront pas ?.... Sortiront ! Mais
dehors, fini la vie en rose ! Plus de « ça s’arrose ! Tchin Tchin ! ». Totale
métamorphose : Bye Bye l’apothéose, welcome la sinistrose ! Place aux névroses
et aux pensées moroses….Rentreront ? Rentreront pas ?...Rentreront …. Et re
confineront….et se ré inventeront
(chouette concept, hein Manu ?) Vanessa, Jacky, la croupe, heu…la troupe….se
réinventer pour Septembre, vous en pensez quoi ?
FIN
Principe :
Pas de thème imposé
Ordre personnes imposé
5/6 lignes maxi
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1 Marie-Ange
Bim ! Un coup, suivi d’une soudaine douleur, au sommet de mon crâne. Mes doigts hésitants palpent une bosse. Un objet volant non identifié venait de me frapper par surprise. Ah, c’est bien ma veine ! Je lève la tête, mais je ne vois rien d’autre qu’un immense ciel bleu. Je regarde autour de moi. Rien. Des champs de blé à perte de vue. Que s’est-il passé ?
2 Gérard A
Bam ! Un deuxième coup, suivi d’une vive douleur, au bas de mon crâne. Mes doigts gantés tâtent une deuxième bosse zébrée d'un serpent caoutchouté. Je respire bruyamment. Un objet sifflant non répertorié vient de me heurter par méprise. Ah, c’est bien la peine ! Je lève la tête, mais je ne vois rien d’autre qu’une immense terre grise. Je regarde autour de moi. Je suis allongé. Des champs de blé à perte de vue. Pourquoi tant de fric ? Que me réserve l'été ?
3 Jean-Claude
Cet été, les blés seront fauchés comme moi. Car qui dit pandémie, dit catastrophe économique. Fini les capitaux, fini les rentes, fini mon argent durement économisé.
Après les champs de blé, il me faut trouver un champ de chanvre afin de tisser une corde qui ira joliment à mon cou. Ah, faut-il encore que je trouve un arbre, pas facile avec toutes ces déforestations. J'y pense, ces bosses sur ma tête, ne proviendraient elle pas de chute de grêlons isolés dû au dérèglement climatique ?
4 Jacqueline
Boum ! Le ciel se déchire, les blés se couchent sous la force du vent, mes vêtements volent, je vole aussi ! Veine ou peine ? Les deux mon Général ! La chaleur est insoutenable, je fonce, je plonge mais ce n’est qu’une maigre flaque qui me récupère et j’écope de ma troisième bosse. Quand j’ouvre les yeux, un peu étourdi, je vois un ours blanc. La terre grise et les champs de blé se sont mués en une étendue de glace. C’est moi qui deviens fou ou la nature qui a perdu la boule ?
5 Didier
Crack ! Cette fois le danger ne vient pas de là, mais du sol. La glace se fend dans un vacarme assourdissant. Une large crevasse me sépare de l’animal, D’autres fissures apparaissent autour de moi, puis se remplissent d’eau. J’ai froid en T-shirt et en glaçon. L’ours affolé, fait tanguer le sien et tombe. Visiblement la nature s’amuse, avec moi, et joue avec l’ours en plus. Soudain, une immense vague venue de loin soulève mon iceberg, et me projette la tête dans le sable brulant, sous une pluie de débris gelés. Allongé, fracassé, je gis sur une plage, ma main droite, par la glace, encornée.
6 Gérard G
Tchiiiii Tchouuuu. J’ai très chaud. J’entends le bruit des vagues. Je souffre de la main droite mais le son du sac et du ressac m’apaise un peu. Mais, ce bruit s’intensifie désormais. Tchling Tchlang. Je me retourne. Une énorme vague déferlante d’un tsunami inattendu de débris de plastiques et de métaux m’emporte. Juste le temps de prendre ma respiration et de fermer les yeux. Bang. Un lourd objet métallique frappe ma jambe gauche. J’ouvre les yeux après plusieurs minutes et me voilà projeté en pleine forêt tropicale, une douleur intense à la jambe.
7 Lucie
Tsitt...Tsitt...un bruit léger de froissement sur le sol. J'ouvre les yeux et soudain je la vois, imposante, immobile, à quelques centimètres de ma main. Ses deux paires d'yeux perçants me fixent avec agressivité. De grosses pattes velues, de longs crocs rougeâtres....elle est prête à me morde et je ne peux pas bouger. Le souffle court, je me prépare à subir… peut-être à mourir. Ha Hi-Ya Hi-Ya, Hi-Ya Hi-Ya....Un cri terrible résonne dans la jungle. Le soleil m'éblouit mais je distingue une silhouette qui virevolte d'arbre en arbre. Deux bras musclés me saisissent, me soulèvent et m'emportent. Balloté, éreinté, me voici embarqué pour une virée dans la canopée. Mais qu'est-ce qui m'attend maintenant ?
8 Yann
Bien que moi pas Jane, moi emporté de liane en liane : quelle folie ! Handicapé par toutes les blessures subies jusque-là, je n’aurais pu en réchapper sans aide. Vite, que je remercie mon sauveur ! Hélas, je ne le peux pas : au moment d’arriver à terre, j’ouvre les yeux mais ne vois personne : seule une étrange chauve-souris vole dans le ciel. C’est alors que je réalise que je suis en plein milieu d’un marché exotique. Perclus de douleurs, je m’affale sur le sol en me demandant si je parviendrai à percer la clé du mystère au chocolat de ce qui m’arrive, avant de m’évanouir.
9 Jérôme
Cra cra cra !!! Quoi ? Quoi ? Cra cra cra !!! Qu'est-ce qu'y a ? Cra cra cra !!! J'ouvre un oeil fébrile. C'est quoi ça ? Une forme tapie dans le noir... Un tapir ? Un tamanoir ? Un tatou ? Pas du tout. Non, un pangolin ! Laqué. Avec du riz. Il semble sourire du tour qu'il m'a joué. Je ris jaune. Pan ! Je m'en prends un coup derrière le crâne. Pan ! Un autre par les oreilles. Pan ! Un sur la joue ! Pan ! Laqué mais pas mort... C'est un pangolin à plusieurs coups... Vicieux comme une beigne... Je me sens bizarre tout d'un coup, mal à la gorge... mal à respirer... Tu vas voir qu'avec tout ça je vais avoir chopé la mort.
FIN
Principe :
Thème imposé : "Seuls les kangourous ont des poches".
Ordre personnes et mot imposés
1 Jean-Claude : éthique
2 Jacqueline : chanteur
3 Didier : coffre
4 Jérôme : contribuable
5 Gérard G : épinard
6 Marie-Ange : buissons
7 Nathalie : clandestinité
8 Gérard A : nature
5/10 lignes maxi
L'intégralité des écrits est transmis au suivant
1 Jean-Claude
Il faut se méfier des kangourous qui ont une poche, ils se vantent d'être les seuls à avoir cette spécificité.
C'est faux.Politiques comme religieux ont le pouvoir et les grands gourous se remplissent la leur.Pfff! Aucune éthique.
Attention, les kangourous qui ont une poche sont des menteurs.
2 Jacqueline
En effet ils ne sont pas les seuls à en avoir. Vous-mêmes n’en possédez-vous pas une et même plusieurs ? Devant, derrière, sur les côtés, en haut, en bas. Les poches sont partout ! Une poche peut- même en cacher une autre. Tenez prenez ce chanteur qui, lui, en a deux sous les yeux ! Le kangourou en est jaloux, c’est bien normal car lui n’en a qu’une seule. Qui plus est, sa poche n’a qu’un usage alors que les vôtres ! Vides, elles ne demandent qu’à se remplir, pleines elles...
3 Didier
se vident, inexorablement. Parfois même elles s’usent, et tout comme un tapis, percent. Rien de plus sournois qu’une poche à trou. Un slip à trou en temps de pet, ça passe, mais en temps de guerre, méfiez-vous des poches. Tenez reprenez ce chanteur, dans ses années fast (and furious), il frimait avec sa poche toute neuve, gros moteur à l’arrière et petit coffre devant. Et un jour, dans un virage, un arbre a troué sa poche. Alors qu’un Kangourou n’a jamais d’accident de poche. Quoique…
4 Jérôme
c'est possible et si vite arrivé. Que le marsupial n'y fasse pas gaffe - il gambade parmi ses collègues wallabies, wombats, koalas, et autres opossums - un croche-patte malencontreux, un roulé-boulé vertigineux, la chute inévitable et la dite poche percée... et il se trouvera aussi démuni que le contribuable plumé par les impôts. La question sera alors posée : comment la raccommoder cette poche trouée ? Car au fin fond du bush australien très peu d'officines !
5 Gérard G
« Nothing ! Nada ! Nichts ! Niente ! » comme dirait un traducteur multilingue qui n'aurait pas ses langues dans sa poche. « Rien » à l'horizon pour réparer son marsupium. Comment réparer ce trou de poche ? Ah on fait moins le malin maintenant !! On se vantait de sa poche, on se croyait unique et maintenant on déteste ce bout de peau déchirée, cette poche abîmée. Et s'il se montre ainsi devant ses amis, ils vont se moquer, c'est sûr. Mais s'il reste là longtemps, il va dépérir. Et aucun épinard autour de lui pour reprendre des forces. Bref, que va-t-il devenir ?
6 Marie-Ange
Que faire avec une poche percée ? Ni bébé, ni livre, ni mains, ni oursons : une poche percée ne peut plus contenir de trésors : c’est la mise au ban pour un kangourou. Il ne lui reste qu’à se trainer pour cacher sa pauvre carcasse dans les buissons. Et c’est ce qu’il fait. Caché, enroulé autour de sa poche révolver, il ne fait plus qu’un avec sa douleur. Il sent que c’est la fin. Mais… cette lumière entre deux feuilles d’eucalyptus, qu’est-ce donc ?
7 Nathalie
Doucement, il écarta les branches de l’arbuste et là tétanisé, il n’en cru pas ses yeux.
Un, deux, trois, non cinq kangourous dansaient autour de cette lumière qui se projetait sur leur poche en formant une forme lumineuse et étrange.
Saperlipopette, cette lumière est en train de réparer la poche des kangourous !!!!
Comment faire pour s’intégrer au groupe ? Je vais les suivre et je verrais bien.
Après plusieurs kilomètres, il se retrouva dans leur village où il se faufila parmi les autres kangourous en toute
clandestinité.
8 Gérard A
Las, mais accueilli, réfugié dans cette poche de vie au milieu d'un désert d'amitié, il s'affale, de tout son long de kangourou, près d'un rougeoyant feu de camp. Très vite il y prend goût. Il s'endort et son pelage, sous la chaleur vulcaine, vire davantage vers le roux. Il rêve. Qui a dit que les kangourous n'ont pas de proches ? Les marsupiaux sont des êtres humains comme les autres, grégaires et paix, songe-t-il. Cette lumière réparatrice, Dame Nature, nous l'enseigne : "Peu importe que nos poches soient pleines ou nos marsupiums percés l'important reste...". Glas ! En Australie les feux dévorent les rêves des kangourous et la fin des adages de la nature. Notre Skippy termine dans une poche toute neuve et un trou de bonne envergure. Triste final pour une histoire chorale, me direz-vous ! Mais rappelez-vous, mes amis, que pour changer le monde, il suffit du vol d'un papillon ou de celui d'un kangourou...
FIN
Principe :
Thème imposé : "C'est pas sorcier".
Ordre personnes et mot imposés
1 Jacqueline : notice
2 Gérard A : pointe
3 Gérard G : défroisser
4 Marie-Ange : ignobles
5 Jérôme : réveillon
6 Didier : taupe
7 Jean-Claude : règles
5/10 lignes maxi (20 ?)
L'intégralité des écrits est transmis au suivant
1 Jacqueline
« Où t’as foutu la notice. ? hurla Marcel du fin fond de l’appartement.
« Dans le troisième tiroir ! » répondit Marie-Caroline sur le même ton.
« Tu sais bien que je n’ai pas la clé du troisième tiroir ! » cria Marcel de plus en plus énervé.
Elle commence à m’emmerder cette pimbêche, maugréait-il en s’acharnant bêtement sur la
poignée dudit tiroir, tandis que Marie-Caroline, ne bougeant pas d’un pouce, se disait qu’elle
n’allait plus pouvoir supporter cet abruti très longtemps.
Pourtant tout avait bien commencé entre eux en dépit des apparences. Ils s’étaient rencontrés
au rayon bricolage d’une grande surface. Lui grand, musclé, un brin baroudeur et surtout
bricoleur, ça se voyait tout de suite, n’avait eu qu’à tendre une clé de cinq à cette belle brune,
un peu coincée mais surtout affolée par un tuyau bouché, pour la cueillir comme une fleur.
2 Gérard A
Mais les choses avaient bien changé, surtout depuis qu'ils occupaient l'appartement meublé
d'oncle Jammy. Foutu cocon et foutu tonton. Un original celui-là ! Passionné par les jeux et les
énigmes. Retrouvé mort noyé dans son salon. Un verre d'eau trônait sur la petite table basse,
accompagné par ce message que l'on ne pouvait lire que de droite à gauche "reicros sap tse'c".
Comment avait-il fait pour périr de cette façon ? Marcel fulminait. Rien dans ce duplex ne pouvait se faire sans résoudre une énigme. Obligation
de répondre à la question qui apparaissait sur l'afficheur électronique pour ouvrir le frigo, de dessiner les contours d'un département pour allumer la plaque à induction, de siffler une chanson pour se servir de la télé, entre autres. Enfin bref ! Tout absolument tout réclamait l'association de neurones qu'il ne cultivait que de façon artisanale. Un jour, Marie-Caroline absente, il avait campé une demi-journée dans les toilettes en essayant désespérément de résoudre une équation du second degré pour ouvrir la porte. Et puis cette sonnerie, foutue trompette horaire qui indiquait la modification automatique de l'ensemble des énigmes du lieu.
D'un geste rageur il appuya violemment sur le manche du tournevis dont la pointe s'immisçait dans la fente du tiroir. Ce dernier céda dans un énorme craquement. Les volets roulants tombèrent d'un coup. Une alarme retentit.
"Qu'est-ce qui se passe ?" rugit Marie-Caroline.
"Rien, je m'suis trompé de tiroir" beugla Marcel. "J'ai ouvert le quatrième".
"Que contient-il ?" mugit Marie-Caroline.
"Des clés, des centaines de clés" meugla Marcel. "Avec un message : " C'est pas sorcier, montez jusqu'au.. " et là y'a un dessin de musique, une clé de sol je crois... Non, non la note juste en dessous".
"Facile clé de sous sol, c'est la clé de la cave" gloussa Marie-Caroline.
Cette maudite cave à la porte blindée que l'athlète Marcel n'avait réussi à forcer.
"Oui, MC, mais quelle clé est la bonne ?" grogna Marcel. "En plus, montez jusqu'à la cave, c'est débile !"
"Non, Marcel, montez jusqu'au sous sol, à savoir fa" caqueta MC.
"Et qu'y a-t-il jusqu'à fa ? Do ré mi".
"Do ré mi ? Et alors ?" croassa Marcel
"Alors il faut choisir la clé sur laquelle le doré est mit" jacassa MC.
Marcel tressaillit. "Elles sont toutes dorées !" hennit t-il.
3 Gérard G
« Ca se complique » dit Marie-Caroline. « Mais ton oncle était intelligent, il a dû mettre un
autre indice pour nous aider à trouver la bonne clé ».
« Intelligent, peut-être mais pénible, c'est sûr », pensa Marcel.
Cet oncle Jammy avait toujours été moyennement apprécié dans la famille. Il n'était pas vraiment détesté mais son côté excentrique compliquait souvent les relations. Marie-Caroline se rapprocha du meuble et observa les clés. Pas d'indice visible au premier coup d'oeil.
« Mais tu connais ton oncle, l'ordre des indices devait être très important » dit-elle à Marcel.
« Il fallait ouvrir le troisième tiroir avant le quatrième, non ? »
Elle prit la poignée du troisième tiroir pour l'ouvrir. Elle s'attendait à une certaine résistance mais curieusement celui-ci s'ouvrit immédiatement. Elle testa les autres. C'était le seul non fermé à clé.
« Le voilà l'indice » s'écria-t-elle. « C'était le seul tiroir ouvert et donc le premier
à ouvrir.»
Marcel regarda à l'intérieur. Plutôt vide ce tiroir. Mais, finalement, en y regardant de plus près et en l'ouvrant complètement, deux petites boules de papier étaient scotchées sur le fond de ce tiroir. Marie-Caroline en prit une et Marcel l'autre. Ils ont d'abord dû défroisser délicatement,
sans les déchirer, ces petits bouts de papier. Marie-Caroline a découvert une toute petite clé dans le sien et sur le papier était écrit. « Chez mon voisin, tu trouveras ma grande soeur ».
« Qu'est-ce que vient faire le voisin là-dedans. D'ailleurs on ne le connaît pas ce voisin »
s'exclama, un peu énervé, Marcel.
Il ouvrit à son tour son papier. Rien à l'intérieur mais, lui aussi, un texte écrit : « Fais comme France ».
« Fais en France ? » demanda Marie-Caroline.
« Non, non. Fais comme France » répondit
Marcel.
« Mais », continua-t-il, « oncle Jammy n'a jamais été doué en anglais ; ça doit bien être Fais en France. Mais je ne comprends rien à cet indice ».
Marie-Caroline lui fit signe de se taire et réfléchissait déjà à 100 à l'heure. Marcel eut l'impression que ce silence dura un long moment. Mais, en fait, seulement à peine quarante-six secondes après, Marie-Caroline s'exclama « J'ai trouvé la bonne clé ».
Elle prit d'abord la petite clé et la testa sur le 4ème tiroir, le fameux « voisin ». Cette petite clé aurait pu l'ouvrir tranquillement si Marcel ne l'avait pas fracassé. Donc on était dans le bon tiroir finalement. Elle remua très attentionnée mais énergiquement la centaine de clés avec des gestes rapides mais précis. Et tout à coup, elle s'arrêta net et un large sourire éclaira son visage.
« J'ai trouvé la bonne clé », redit-elle une deuxième fois.
Marcel examina les clés et ne voyait pas du tout comment trouver la bonne clé ; elles étaient toutes dorées. Marie-Caroline expliqua à Marcel que la petite clé avait une tête hexagonale et dans la centaine de clés, toutes avaient une tête ronde ; toutes, sauf une avec une tête hexagonale. Elle avait trouvé « la grande soeur ! « Hexagonale », dit-elle à Marcel. « Comme France ». Marcel n'était
pas sûr d'avoir bien tout suivi. Mais il avait compris, devant l’enthousiasme communicatif de Marie-Caroline, que c'était la bonne clé.
Mais était-ce bien la clé de la cave ?
4 Marie-Ange
Il ne leur fallut pas plus de quelques minutes pour se retrouver devant la mystérieuse porte
blindée de la cave, clé hexagonale en main. Ouvrir cette porte avec son lot d’énigmes revenait à ouvrir une forteresse. Que pouvait-elle contenir de si précieux ? L’ouverture de la cave donnait dans le sous-sol, sous la cuisine. Marie-Caroline n’aimait pas y aller. L’odeur de moisissure la dérangeait, et ces ignobles araignées qui l’observaient du plafond… Marcel inséra la clé dans le cylindre Elle y entra comme dans du beurre. C’était déjà ça.
Clic. Un petit bruit sec, et le pêne dormant se mit en mouvement. La serrure semblait déverrouillée. Marcel gonfla le torse, et expira longuement, décidément, rien ne lui résistait. Sa toute-puissance fut de courte durée, car à peine ouvrirent-ils l’épais battant qu’ils se cognèrent
le nez à une seconde porte, toute aussi blindée, manifestement fermée par un coffret à alphabet électronique.
- Regarde !
Marie-Caroline saisit le petit bout de papier roulé en cigarette qui dépassait du boitier. Ses doigts délicats le déroulèrent.
- Encore une énigme ! Elle reconnut les pattes de mouche de l’oncle Jammy et lut à haute voix : « Qui a écrit :
L’enfer, c’est les autres ? » Elle ferma les yeux, et se frotta lentement les tempes.
- Qu’est-ce que c’est que ce bazar ! maugréa Marcel. L’enfer, c’est les autres, c’est quoi
ce charabia ? L’enfer, c’est cette baraque, oui ! Moi, j’ai ma dose ! Je remonte !
- Attends ! Je connais la réponse. Je l’ai entendue à « Questions pour un champion ! », le retint Marie-Caroline.
Fébrilement, elle s’approcha du clavier électronique et tapa « C-A-M-U-S », puis « Entrée ». Et là, un phénomène incroyable se produisit. Le son assourdissant d’une trompette militaire se fit entendre et toutes les lumières se mirent à clignoter en même temps. Puis le rire sardonique de l’oncle Jammy retentit, rebondissant sur chaque mur du sous-sol : « Ah, Ah, Ah ! Rejoue encore ! »
- Ah, mince ! j’étais sûre de moi, pourtant ! Il me semble que ça commençait par « ca… », ah, zut !
- Qu’est-ce que c’est que ce bazar encore ? Il se fout de nous ? Je vais te chercher le treuil, moi…
Marcel remonta les marches qui menaient à la cuisine. Marie-Caroline l’entendit de loin en loin râler, et bientôt seuls des bribes lui revenaient de loin en loin.
- Bazar… Treuil… Bazar… Treuil … Zartreuil…
Elle se frappa le front de son index. « Et si c’était la bonne réponse ? ». Elle tapa « S-A-R-T-R-E », puis se boucha les oreilles.
5 Jérôme
Bien lui en prit. A sa plus grande surprise et non moins grande déception, la trompette
militarisée retentit de nouveau, ponctuée par le rire sardonique du tonton facétieux.
« Ah ! Ah ! Ah ! Sartre, trop prévisible ! A vomir ! Réfléchis mieux ! Dernière chance ! »
Tu l'as dit, bouffi, dernière chance pour toi mon vieux !
Marcel venait de déposer, la sueur au front mais à ses pieds une forme indistincte métallisée perdue sous un fatras de filins.
C'est quoi ça ?, s'écria Marie-Caroline.
Ma clé hexagonale personnelle ! On va voir si elle va nous gonfler bien plus longtemps la porte blindée de tonton l'emmerdeur !
Mais tu ne vas pas faire ça ?
Je vais me gêner ! Pousse-toi ! Je vais accrocher le filin à ce crochet - heureusement, pour nous et notre histoire, il y avait un crochet qui tombait à point nommé, scellé solidement dans la paroi faisant face à la porte blindée – et mon treuil de combat fera l'affaire. Laisse faire les pros, Marie-Caroline !
En un rien de temps, l'affaire fut menée : câble passé dans le crochet et la poignée de la porte, treuil paré. Les deux amants reculèrent de concert dans l'escalier tandis qu'avec grande pompe, Marcel mettait en marche le moteur. La fête s'annonçait grandiose au fond de ses yeux, la victoire irisait ses joues d'une rougeur de satisfaction, identique à celle qu'on ressent les soirs de réveillon. Le festin promettait grandiosité, la défaite du tonton serait cuisante. Le câble d'abord mou, se tendit lentement, puis vite, grinça, vrilla, s'arc-bouta... pour finalement craquer dans une ruade bruyante qui zébra les murs. La victoire du tonton était aussi cuisante que la défaite du Marcel. Marie-Caroline regardait le gâchis et son amant avec une égale perplexité se demandant lequel des deux méritait qu'on s'y attarde le plus. Elle prit très vite le parti du premier. Alors que Marcel, meurtri, restait assis sur l'avant dernière marche de l'escalier, elle s'approcha de la porte. D'un doigt désormais sûr de lui, elle appuya sur une touche. Une seule.
Alors un clac se fit entendre. La porte s'ouvrit dans un murmure, exhalant une haleine d'humus. Aussi prompt à bondir qu'un Zébulon, Marcel fut à ses côtés.
Mais comment as-tu fait ?
Huis clos.
Quoi huit clos ?
L'enfer, c'est les autres ! Sartre. C'est une citation de Huis clos.
Et alors ?
Huis clos... Huit... Clos. Un huit et rien d'autre. Le code, c'était huit. Un point c'est tout.
6 Didier
La cave était sombre mais finalement plus petite qu’ils ne l’avaient imaginée. L’odeur d’humus était entêtante. Marcel fouilla ses poches.
Je n’ai pas mon téléphone, encore moins de briquet. Je vais chercher une lampe.
Non attend ! Nos yeux s’adaptent déjà à l’obscurité. Attrape plutôt un tabouret pour bloquer la porte plus grande ouverte. On y verra déjà mieux et surtout, ça nous évitera de rester coincés ici comme des taupes. Du fond de sa cave, une fois la porte grande ouverte, Marie-Caroline découvrit sa cuisine.
Oh la vache ! Tu ne l’as pas ratée ! La porte, les murs… Toute la cuisine est à refaire.
Oui, bon, il fallait ouvrir ou pas ?
Marcel revint au cotés de Marie-Caroline, et s’empressa de recentrer la conversation.
Alors, qu’est ce qu’il y a, là-dedans ?
Juste ça.
La trompette militaire se fit une nouvelle fois cyniquement entendre. Posé sur le sol, se dressait un miroir, suffisamment grand pour y refléter le couple des pieds à la tête. Et après une fouille méthodique de cette cave, qui finalement avait tout juste les dimensions d’un grand placard, il n’y avait rien d’autre. Marcel était dépité.
Tout ça pour ça… Merci tonton Jammy !
Reprenons depuis le début. En mourant il a laissé un verre d’eau… un verre d’eau… le miroir est aussi en verre. Et il a laissé une phrase : « c’est pas sorcier » écrit à l’envers, comme dans un miroir… A l’envers… Marcel, c’est quoi le contraire d’un sorcier ?
Un humain normal ? Un … moldu ?
Mol-du, du-mol... Monsieur Dumaule !
Qui est-ce ?
Un ami d’oncle Jammy, ah, ce bon vieux Fred Dumaule !
7 Jean-Claude
Soudain, leurs reflets disparus et le miroir réfléchit une image mobile de Monsieur Dumaule.Il parle, mais ses paroles sont à peine audibles. Le couple se rapproche et entend Monsieur Dumaule dire : « Ne venez pas me voir, j'ai déjà donné ».
Peut-être, nous prenait il pour un facteur ou un éboueur qui cherche à vendre ses calendriers. Soudainement, Marcel se senti sortir d’une certaine torpeur.
Il rouvre les yeux et se retrouve dans le magasin de bricolage à côté d'une jolie brune. Cette dernière lui demande de bien vouloir lui attraper une clé de 5.
Marcel fait demi tour en ignorant cette femme. Marcel s’applique certaines règles dont celle de ne pas se laisser embarquer dans des folles aventures avec une inconnue même si cette dernière est très belle.
FIN
Principe :
Thème imposé : "Peut-on vivre une passion à l'heure du digital ?".
Ordre personnes et mot imposés
1 Marie-Ange : micro
2 Didier : carte
3 Gérard G : portefeuille
4 Jérôme : arme
5 Gérard A : télécommande
6 Jean-Claude : oeil-de-boeuf
7 Jacqueline : guitare
20/30 lignes maxi
L'intégralité des écrits est transmis au suivant
1 Marie-Ange
Laquelle choisir ? La petite robe noire, ou verte ?
- Bon, allez, je prends la bleue, de toute façon, on ne verra pas mes jambes ! dit Esmeralda à haute voix, oubliant qu’elle était seule.
- Et puis, ce qui compte, c’est le décolleté !
Elle dressa la table : nappe blanche, verre en cristal, flamme dansante… Elle vérifia une dernière fois le tajine au tofu, il était parfait. Elle regarda son bracelet montre :
- Bon, j’ai encore un peu de temps devant moi…
Elle chaussa ses sabots en plastique, prit les gants en latex et sortit dans le jardin. Le sol était aride, la sécheresse qui n’en finissait pas zébrait le sol de cicatrices profondes. Gants enfilés, elle déroula le tuyau d’arrosage, et se mit à siffloter. L’air était tiède, l’été bien installé. Elle aimait la frénésie des chants des grillons en fin de journée.
- En voilà, au moins, qui apprécient la vie en collectivité ! dit-elle. Elle pouffa.
L’eau jaillit soudain, et Esmeralda s’approcha de ses bébés. Délicatement, elle écarta de ses doigts gantés les fleurs violettes de la trajectoire de l’eau.
- Écartez-vous, mes jolies, ce serait dommage de vous flétrir si vite.
Cela faisait maintenant trois ans qu’elle s’était pris d’amour pour ses bébés, comme elle disait. Presque toutes les couleurs étaient représentées. Des corolles rouges, des jaunes, des vertes… Ses préférées, c’étaient les blanches, avec les petites taches dans leur cœur. Cela avait commencé au détour d’une balade en vélo. Elle était tombée en admiration devant cette touffe violette qui ne demandait qu’une chose, qu’on la ramasse.
- Heureusement que tu as gardé tes gants de cycliste, avait dit Fébus, sinon on te perdait.
Il lui avait tendrement pris les mains entre les siennes. Cela aurait été dommage que d’aussi jolis doigts s’empoisonnent sur une saleté pareille ! Les fleurs que tu as ramassées sont toxiques. Ce sont des digitales. Il faut vraiment s’en méfier !
Fébus travaillait au service des jardins fleuris de la ville. Il s’y connaissait en fleurs ! Et ce n’était pas pour déplaire à Esméralda. C’était une autre époque... Aujourd’hui, les jardins n’ont plus de fleurs. Qui les contemplerait ? Les services sanitaires avaient fermé tous les espaces verts. Alors, Esmeralda, elle, elle bichonnait ses bébés.
La sonnerie lointaine du téléphone la tira de sa rêverie.
-Zut, déjà ? Il est en avance !
Elle rangea le tuyau, se débarrassa de ses gants et se précipita dans le séjour. La sonnerie s’était arrêtée. Elle installa l’écran sur la table, derrière son verre, vérifia l’image de sa webcam, le son du micro. Tout fonctionnait à merveille. Elle actionna l’interrupteur et inonda la pièce d’une lumière dorée.
Assise sur son fauteuil, elle se rendit compte qu’elle avait oublié de retirer ses sabots en plastique. Qui les verrait ? Elle se pencha, appuya sur un bouton du clavier, et sourit de tout son rouge à lèvres :
- Bonsoir !
2 Didier
- Bonsoir, belle du soir.
Le sourire de Kim apparu sur l’écran.
- Alors, comment vont nos bébés ?
- Ils vont bien, je viens de les arroser justement. Le soleil décline. Il est 20h ici.
- Oui je sais, et 2h du matin, ici, à Hong-Kong. Et vos grands bébés ?
- Oh mes ados ? C’est toujours compliqué avec eux.
- Confinus a dit « Manque de père, manque de repère »
Justement, Esméralda se redressa. La lumière bleutée de son écran ne la mettait pas en valeur, mais ce décolleté tout de même, il ne pouvait pas l’ignorer.
Kim compris son manège, il en avait l’habitude depuis le temps. Mais pas ce soir.
- Kim, vous savez combien cette solitude me pèse. Je n’ai touché personne depuis 3 ans et…
- Esmé, nous sommes tous dans le même cas. Depuis la mise en place des Mesures Individuelles de Sécurité, je n’ai plus de vie Sociale non plus. Je suis enfermé dans mon labo, ma femme m’a également quitté. Mes seuls amis sont mes collègues de Thérapeutika. Mon seul but est de trouver un vaccin. Et la digitoxine est prometteuse. Vous seule possédez des spécimens de plantes très rares capables de…
- Je ne vous parle pas de vie sociale, Kim, juste de sexe. A distance, comme l’autre fois. Vous enfilé votre e-gant et je branche mon bras robot.
- Confinus a dit « Un homme plein de vices finit un jour ou l'autre sous écrou. »
De guerre lasse Esméralda se servit un verre de vin, en but une gorgée et ajouta un dernier argument.
- Vous savez, Kim, j’ai lu récemment que dans un village reculé de Papouasie, ne me demandez pas ou est-ce, je n’ai jamais su lire une carte, des femmes, développaient de nouveaux organes. Sans raison, les hommes sont devenus très rares et les scientifiques pensent qu’à terme, elles pourraient devenir hermaphrodites. Alors Confinus ou pas, moi je vous le dit « Derrière le grand chêne que vous êtes, se cache un gland ! »
3 Gérard G
«Vous êtes en forme, Esmé » l'interrompit Kim en voulant décidément ce soir que les choses se passent moins rapidement que la dernière fois. « Je vous rassure, il reste encore quelques hommes sur terre. Mais nous n'avions pas parlé d'un moment plus .. », il chercha le mot le plus adapté, « romantique pour cette nouvelle rencontre ? Confinus disait « La lenteur m'exaspère mais la vitesse me perd ». Nous avions parlé d'un télé-dîner, non ? J'ai préparé du tajine au tofu comme convenu ». « Ce n'est pas incompatible, mon cher Kim. Mon tajine est prêt, moi aussi. Pas d'inquiétude.» répliqua Esmeralda. « Mais je pensais qu'avant le dîner, et peut-être même aussi après, nous pourrions reprendre nos … » elle fit une pause volontaire de deux secondes et murmura sensuellement en approchant délibérément son décolleté de la caméra, « ..ébats numériques de la dernière fois».
Esmeralda avait, pour la première fois, testé avec Kim ces nouveaux matériels qui semblaient désormais faire fureur sur le net. Et elle commençait à comprendre pourquoi. Malgré ses nombreuses aventures par le passé, mais aussi sa merveilleuse vie amoureuse et passionnelle qu'elle avait vécue pendant plus de quinze ans avec son ex-mari, elle s'avouait n'avoir jamais éprouvé de telles sensations. Et elle n'expliquait pas cela uniquement par le fait qu'elle n'avait pas connu d'autres hommes depuis son divorce. Quelques rencontres, oui bien sûr, mais pas de nouvelles expériences sexuelles, Donc ce soir, elle avait envie de recommencer très vite. Et avec Kim, qu'elle trouvait charmant et … efficace.
Kim l'interrompit dans ses « rêveries ». « J'aimerais qu'on prenne un peu plus de temps aujourd’hui. Je viens d'apercevoir votre magnifique décolleté. Laissez moi deviner. Robe longue ? Chemisier avec jupe ? Jupe longue, jupe crayon, jupe portefeuille? Fendue ou non ? Montrez-moi ».
Sans réfléchir, Esmeralda sentant qu'elle avait gagné et que le dîner attendra, se leva d'un geste vif, se recula pour se montrer dans toute sa hauteur, leva une jambe et s'écria « Robe longue fendue ». Mais aussitôt rebaissa sa jambe en découvrant avec horreur ses sabots en plastique orange fluo.
4 Jérome
Cette robe fendue à l'excès, l'arme fatale. Elle voulait donc le grand jeu, elle l'aurait. Kim sortit de son porte-feuille la toute nouvelle carte orgasmique dont il venait de faire l'acquisition auprès d'un encore plus geek que lui – c'est dire – et se précipita sur son micro-micro-arme. Avec ce tout nouveau modèle, plus besoin de télécommande orale comme par le passé, une pensée suffisait à l'activer. La carte enclenchée, aussitôt, un sentiment de bien être l'envahit. De l'autre côté de l'écran, à presque l'autre bout du monde, la pupille d'Esméralda se dilatait déjà. Une guitare espagnolisante gémissait sa plainte douloureuse tandis que des perles de sueur apparaissaient sur le front de la belle. Pour une fois encore, ce soir, il serait sa bête. Sa vision décuplée, comme s'il la regardait à travers un oeil-de-boeuf, lui renvoyait l'image d'un abandon total de sa partenaire. Il continuait en douceur, prenant le temps de la stimuler à des endroits inconnus d'elle-même... et pour tout dire de lui même. Le petit livre rouge qu'il avait lu la veille – une antiquité du vingtième siècle dégoté dans une brocante virtuelle sur le x-net – ouvrait son champ d'action à l'infini. Il avait bien fait de satisfaire à sa curiosité et à la maxime mille fois répétée par Confinus lors de ses grand-messes : « Celui qui en sait plus que la veille, atteint peu à peu à la sagesse ». Bientôt, elle n'en put plus. Un râle intense se fit entendre dans ses écouteurs... suivi d'une alarme aussi inattendue que bruyante. Il déposa ses écouteurs en hâte, le cœur battant la chamade.
Qu'était-ce ?
5 Gérard A
Ou bien, qui était-ce ?
La pièce tombait dans la pénombre mais les murs résisteront sans dommage pensa-t-il. Confinus lui-même avait déclaré : "Qui tombe de haut, commande tombe en bas". "Rien à voir !" se dit Kin. Et pas davantage sur l'écran de l'ordinateur abandonné par le flot d'énergie vitale. Et le reste ?
Vers la télé, King se précipita en franchissant d'un bond les quatre mètres quatre vingt deux qui le séparent de la guérison. La main velue et fébrile de Kong saisit le boitier et pressa le bouton rouge avec son pouce opposable pour mettre le feu à la télé. "Commande inutile Klim" éructa Confinus qui venait de paraitre dans l'encadrement de la porte qui lui ne pouvait pas l'encadrer. La porte non plus d'ailleurs, et elle se referma d'un coup de bois sec sur sa main gauche; Confinus et Krim confinussés dans la pièce et la main égarée dans le couloir.
"Je deviens fou" se dit Ksim en s'interrogeant pour la première sur son nom. "Devant moi, Confinus en chair et en os saillant du bras gauche... Je rêve".
6 Jean-Claude
King, Klim, Kim, badaboum.
Confinus du haut de sa sagesse, propose à Kim de partager ce doux moment avec sa bien aimée distante.
Kim reste perplexe. Pour qu’il accepte sa proposition, Confinus affirme qu’il faut se laisser porter par le désir, demander à Esméralda de se dévêtir, de se retourner, de se pencher et de nous laisser apercevoir son oeil-de-boeuf.
Kim commence à s'émoustiller autant que Confinus. Ce dernier, vu sa prédominance sous ombilicale est un homme dans la force de l’âge.
Soudain, une deuxième image apparait sur l’écran de Kim. Celle de carmélites en prière pour avoir le même programme que Kim. Sans doute, en ont elles assez d’avoir des carottes râpées pour seul repas se demande Confinus dont une forme longitudinale sous sa tunique se lève de plus en plus.
Confinus se mit devant l'écran pour apporter sa bonne parole. Ainsi, devant les carmélites et Esméralda, il s’écrie : « Ensemble, laissons nous porter par cette passion digitale, mais sans mettre les doigts pour ne pas laisser d’emprunte. »
Les carmélites deviennent rouges de désir par les propos du prophète…
7 Jacqueline
« Enfoiré de geek » cria Kim. « La carte qu’il m’a refilée est vérolée !
Il retira précipitamment la carte de son ordinateur et le visage détendu d’Esmaralda réapparut sur son écran. Elle l’avait eu son orgasme, maintenant il fallait revenir aux choses sérieuses. Il avait un vaccin à trouver et il avait besoin de la coopération entière de cette fille au bout du monde, une des rares personnes à posséder la fameuse ‘Virustu’.
- Kim mais où étiez vous ? minauda Esméralda.
- Dans les étoiles comme vous il me semble, mentit Kim avec un clin d’œil
- Oh oui, c’était fort, c’était bon, c’était..
- Et si nous dégustions notre tajine au tofu en bavardant gentiment, l’interrompit il. N’avez-vous pas envie de savoir en quoi la digitoxine…
- Vous les hommes ! la bouffe, et le boulot, il n’y a que ça qui vous intéresse !
- Vous êtes injuste Esmé, il y a aussi les fleurs, vos bébés, la chair de votre chair, la prunelle de vos yeux, le saint du sein, oh Esméralda, enfilez vos gants en latex et montrez les moi encore…
La jeune femme dégrafa le haut de sa robe libérant deux globes laiteux qui ne demandaient qu’à dresser leurs tétons. Kim s’écria :
- Non pas eux, elles…
- Grand fou ! Je savais que vous préfériez mes fesses ! exulta-t-elle en se retournant
- Mais non Esméralda, ni vos seins ni vos fesses, ce sont vos fleurs que je veux voir ! Je voudrais examiner de plus près les bleues, celles que vous avez glissées dans les cordes de la guitareguitare derrière vous. Vous les avez faites sécher ? Je suis sûr qu’en les réduisant en poudre, elles seraient idéales pour stabiliser la digitoxine.
Kim sentait l’excitation monter. Ses patrons lui avaient mis la pression et, s’il réussissait, grâce à la Virustu, à mettre au point le vaccin qui s’arracherait dans le monde entier, il serait ovationné lors de prochaine Convention Nationale de Therapeutica…
- Vous savez que grâce à vous, reprit-il, enfin à vos bébés…
- Oh oui Kim ! un bébé de vous …
- Esméralda je parlais de vos fleurs qui sont essentielles pour l’élaboration de la digitoxine
- Oh zut avec votre digitoxine. Vous n’avez que ce mot à la bouche et moi ce qui m’intéresse c’est votre bouche justement, susurra-t-elle en glissant un doigt humide sur ses lèvres entrouvertes.
- Esméralda soyez sérieuse un instant.
Son interlocutrice se raidit et se rajusta. Elle avait compris. Elle cracha d’un ton aigre :
- Dites donc Kim ce sont mes Virustus qui vous intéressent ou moi ? Je vous préviens, si vous prononcez encore le mot digitoxine je débranche et vous ne me reverrez pas.
Kim essaya de calmer Esméralda en faisat vibrer sa fibre humanitaire.
- Esméralda n’avez-vous pas envie de sauver des vies ? Si vous acceptiez de m’envoyer plusieurs spécimens de vos Virustus, je…
Esméralda explosa :
- Je vois clair dans votre jeu Kim. Vous ne voyez en moi que la pourvoyeuse de matière première pour votre foutu vaccin. Moi qui croyais que vous commenciez à m’aimer. Je me suis bien trompée ! Et bien tu sais où tu peux te les mettre mes virustus ? Dans ton cul ! hurla-t-elle avant de disparaître de l’écran.
-
Folle de rage elle, elle arracha sa robe, s’enduit le corps d’huile prodigieuse, et alla frénétiquement se frotter sur le lin rèche de ses draps en engloutissant le tajine au tofu à grandes lampées, tandis que Confinus lui murmurait à l’oreille « Galipettes sur Internet ne valent pas boulettes dans l’assiette »
FIN