QUADRUPLE MEURTRES AU PARKING SANCHOT

Personnages :
  Félix Culpa Propriétaire balayeur
  Marie-Pervenche Pervenche
  Franck Fissa Inspecteur de police
  Astrid Cocotte
  Bernard Dublé Banquier adultère
  Willy Martin Cambrioleur livreur de pizzas

La scène :
Dans un parking en sous-sol.
A droite, un bureau et une chaise. Au centre des chaises.

Scène préliminaire :
Tous les personnages, sauf Félix, entourent la pervenche. Ils portent une bouée autour de la taille et tiennent un coupe-papier à la main.
Willy crie : "Pensez donc ! Un si bel ouvrage !" et se rue sur la pervenche.
Noir.

Félix : Ah s'ils pouvaient parler ces murs... ils en ont vu défiler des concerts de rock indépendant, des boums d'adolescents, des combats de coqs, des cérémonies vaudou, des adultères, des orgies, des beuveries ! La nouvelle locataire paraît plus tranquille, avec ses drôles d'amis. Mais on ne me la fait pas à moi. Ils sont bizarres tous, avec leur petit air désespéré : une bande de zombis qui vit dans le passé. C'est le calme avant la tempète, et je m'y connais ! Et comme d'habitude, le ménage ce sera pour bibi !

Marie-Pervenche : (Qui entre) Félix.

Félix : Madame ! J'ai presque fini. Il faut dire que vous m'avez bien facilité la tâche, vous et vos discilples.

Marie-Pervenche : Mes disciples ?

Félix : Oui ! Vos disciples, vos endoctrinés là.

Marie-Pervenche : Les membres de mon association. Une association sérieuse, Félix, déclarée loi de 1901.

Félix : Les membres de votre association, ils m'ont bien facilité la tâche : tout était nickel après votre réunion. Je voulais juste faire la poussière, par acquit de conscience. D'ailleurs, j'ai presque fini. Et j'ai bien reçu votre chèque, marci.
(Bernard entre)

Marie-Pervenche : Bernard, notre première réunion a été un succès : vous m'avez été d'une grande aide.

Bernard : Madame...

Marie-Pervenche : J'espère que nous aurons le même succès chaque semaine...

Bernard : Madame, je suis heureux de vous avoir été utile, et si vous le permettez, je vous offre mes services pour accompagner l'expansion de notre association ! Car elle va s'étoffer, j'en suis convaincu !

Marie-Pervenche : Oh merci ! Merci ! Si vous saviez... j'ai peur de ne pas être à la hauteur, voilà ! C'est délicat d'animer ce type de réunion, je n'ai pas d'expérience dans ce domaine, moi : et pourtant, la dernière fois déjà, nous n'étions que quatre, et je lisais le bonheur sur tous les visages !

Bernard : Le bonheur, oui ! La perspective de pouvoir enfin se confier, se... se livrer ! Moi-même, si vous saviez tout ce que j'ai sur le coeur.

Marie-Pervenche : Vous nous en ferez part lors du partage d'expérience, Bernard. (On frappe). Ce doit être les autres. Allez ouvrir, Félix, faites entrer, et laissez-nous. (Les autres entrent). Mesdames, Messieurs, vous avez le droit de séjourner ici...

Tous : Sans payer !

Marie-Pervenche : Pas de prix de base.

Tous : Pas de prix à l'heure.

Marie-Pervenche : Pas de limite de stationnement.

Tous : Hourra !

Marie-Pervenche : Ordre du jour.

Bernard : Accueil de Madame Fissa.

Fissa : Pardon, Monsieur Fissa.

Marie-Pervenche : Monsieur Fissa ?

Fissa : Oui : Monsieur. Ca se voit, non ?

Marie-Pervenche : Oui, oui, bien sûr.

Bernard : Accueil de Monsieur Fissa, rappel des statuts de l'association, partage d'expérience, méditation, voeu.

Marie-Pervenche : Monsieur Fissa, bienvenu à la "Bouée de sauvetage". Vous avez votre bouée ?

Fissa : J'ai ma bouée.

Marie-Pervenche : Et votre coupe-papier ?

Fissa : Et mon coupe-papier.

Extrait de 5 minutes sur 45 minutes au total