COCKTAIL ET OR D'OEUVRES

Année de création :

2009

Création :

Collective

Distribution :

Régie :

L'histoire :

Nuit de culture théâtrale... orchestrée par le professeur Blandenverg.
Au programme :
un extrait de Molière,
"Culbuto" : duel entre deux cow-boys frères ennemis,
"Patate !" : tribulations d'une auto-stoppeuse,
"Cyranno (Syrah no !)"" remise en forme de Cyranno sans Bergerac (routard buveur) et de Roxanne Clicquot (veuve champagne).

EXTRAIT TEXTE

Photos


Vidéo






Représentations

Mai 2009 : Quinzaine du théâtre amateur de Bondy (93).




Extrait textes

Culbuto

Personnages (2 cowboys) :
  Casimir Cow-boy tranquille
  Culbuto Cow-boy agité



Entrée de Culbuto. Casimir est assis et dort.

Culbuto : J’savais bien que tu serais là… Allez, debout !

Casimir :

Culbuto : Debout, me fais pas répéter ou sinon...

Casimir : Assis-toi, Culbuto.

Culbuto : C’est quoi ça ?

Casimir : Une chaise.

Culbuto : Mais non pas ça… Culbuto ! C’est quoi ce nom ridicule ?

Casimir : Ton surnom Culbuto.

Culbuto : Mon surnom ? Mais qui c’est qui m’appelle comme ça ?

Casimir : Tout le monde… Tous ceux que tu croises y t’appellent Culbuto. Enfin non, pas tous ceux que tu croises. Y z’ont peur de toi ceux que tu croises mais ceux que tu croises pas, y t'appellent Culbuto ! Y disent : "Tiens v’là Culbuto qui passe"… Et le lendemain : "Ho, regarde, y a Culbuto qui repasse"… Et moi aujourd'hui j'dis : "Hé, y a Culbuto qui trépasse !"

Culbuto : T’as trouvé ça tout seul ?

Casimir : Ouais, tout seul.

Culbuto : Bon, on se le fait ce duel ? Tu m’as convoqué pour ça, non ?

Casimir : Tu m’as convoqué… mais dis donc, t’en connais des mots… Culbuto.

Culbuto : M’appelle pas comme ça ou j’te bute !

Casimir : T’as des problèmes dans les mains ?

Culbuto : Non, pourquoi ?

Casimir : J’sais pas. Tu les remues bizarrement.

Culbuto : Non, ça va, merci. Bon on s’le fait ce duel ?

Casimir : T’es pressé ?

Culbuto : Non !

Casimir : T’es nerveux ?

Culbuto : Non, j’suis pas nerveux.

Casimir : T’es fatigué ?

Culbuto : Non ! J’suis pas fatigué… Allez, lève-toi !

Casimir : T’es fâché ?

Culbuto : Mais non ! J’suis pas fâché… J’suis toujours comme ça moi. Allez, lève-toi !

Casimir : Pourquoi tu mets la main en l’air Culbuto ? C’est pas comme ça qu’il faut la mettre. Ca te déséquilibre la main en l’air. Tu fais bascule vers l’avant.

Culbuto : Ben je fais toujours comme ça.

Casimir : Et t’es toujours vivant ? Ca tient du miracle, vieux. Non, si je peux m’autoriser un conseil.

Culbuto : Vas-y, autorise-toi.

Casimir : Tu devrais la mettre un peu plus bas. Et ton corps davantage penché vers l’arrière pour bien observer ton adversaire. Tu vois ?

Culbuto : Ben non, je vois pas. Je vois que ma main comme ça.

Casimir : Mais non, regarde pas ta main Culbuto. Tu le sais qu’elle est derrière ta main.

Culbuto : Mais c’est toi qui m’as dit…

Casimir : C’est moi qu’a dit, c’est moi qu’a dit. T’es prêt oui ou non ?

Culbuto : Ben oui j’suis prêt. Fchhh…

Casimir : Pourquoi t’as fait ça ?

Culbuto : Quoi ça ?

Casimir : Fchhh… Pourquoi t’as fait fchhh ? Ca sert à rien. Tu perds du temps. Et puis ça te déséquilibre sur le côté.

Culbuto : Un coup ça me déséquilibre vers l’avant, le suivant sur le côté. Mets ta main comme ci, pas comme ça. Fais pas fchhh… Tu veux ma peau oui ou non ?

Casimir : Oui.

Culbuto : Alors ?
PAN !!! Ils tirent.

Extrait de 5 minutes sur 15 minutes au total

Patate ! (Loto-stop)

Personnage :
  Françoise "Loto-Stoppeuse"


Entrée de Françoise.

Françoise : Je vais me mettre… je vais me mettre… Non, je ne vais pas me mettre là… Où est-ce que je vais bien pouvoir me mettre ? Là ! Non, pas là. Ici, voilà ici, c’est bien ici…Oh et puis non, tout bêtement, je vais me mettre au bord de la route…
(Elle tend le pouce).

Françoise : Je vais peut-être rajouter un peu de rouge à lèvres. Ils y sont toujours sensibles.
(Elle se met du rouge et tend à nouveau le pouce. Première voiture qui ne s’arrête pas).

Françoise : J’ai pas du en mettre assez… Voilà qui est mieux.
(Elle se remet du rouge et tend à nouveau le pouce. Nouvelle voiture qui ne s’arrête pas).

Françoise : Alors là, je comprends pas… Je fais pourtant tout dans les règles.
(Elle entend au loin la sirène d’un camion de pompier. Elle se réajuste vite fait. Se remet en position).

Françoise : Comme une bombe il est passé celui-là. Sans-cœur ! Egoïste !
(Nouvelle voiture qui passe).

Françoise : C’était une femme. Normal, qu’elle ne s’arrête pas… Salope !!! Et si j’enlevais les lunettes : ca fait trop sérieux les lunettes. C’est sûr, c’est les lunettes… Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ?

Extrait de 3 minutes sur 8 minutes au total

Cyranno (Syrah no !)

Personnages (en cure de désintoxication) :
  Cyranno Buveur très expérimenté
  Clicquot Veuve champagne



Entrée de Clicquot, une lettre à la main. Cyranno est assis.

Clicquot : C’est pas vrai ! Cyranno ? Me dis pas que c’est toi ! Tu me reconnais ? Clicquot !

Cyranno : Clicquot ?

Clicquot : Mais oui Clicquot ! Roxanne Clicquot.

Cyranno : Oh, Roxanne. Roxanne Clicquot ! C’est pas possible !

Clicquot : Ah, ça fait plaisir de te voir. T’as pas changé.

Cyranno : On peut pas en dire autant de toi... Tu m’excuseras mais je t’avais pas reconnue. C’est dingue comme t’as grossi.

Clicquot : A peine.

Cyranno : Non vachement, tu veux dire… Ah la vache ! Dis donc, ça fait combien… Vingt-deux, vingt-trois ?

Clicquot : Ah non douze.

Cyranno : Douze ? Tu rigoles ? Non ça fait bien plus que ça.

Clicquot : Non, non, je t’assure, j’ai pris que douze kilos depuis que j’ai…

Cyranno : Mais je te parle pas des kilos, je te parle des années.

Clicquot : Ah ça… ça doit faire vingt-deux ans.

Cyranno : Non, non, plus que ça.

Clicquot : Quand même pas.

Cyranno : Si, si plus que ça. J’me rappelle bien maintenant : Beaune. Eté 85.

Clicquot : Ah oui, peut-être.

Cyranno : Non, non, pas peut-être. C’est sûr. C’était en juillet 85 qu’on s’est vus pour la dernière fois. Le 12 juillet 1985. Tu sortais des hospices avec Chassagne-Montrachet. Un grand sec ! Ben dis donc, ma vieille ! Ca fait une paie. T’as des nouvelles de Blanquette ?

Clicquot : Non.

Cyranno : Et de Clairette ?

Clicquot : Clairette ?

Cyranno : Tu sais, la petite blonde sulfureuse qui traînait avec nous.

Clicquot : Ah ouais, ouais… La petite rigolote.

Cyranno : Toujours à pétiller de l’œil. T’as bien des nouvelles ?

Clicquot : Ah ouais, ouais, Clairette… Est-ce que j’ai des nouvelles ? Euh non !

Cyranno : C’est pas de veine, ça alors. Et la grande là, comment qu’elle s’appelait déjà ?

Clicquot : Chartreuse ?

Cyranno : Oui, c’est ça, la grande Chartreuse.

Clicquot : Elle s’est mise il y a vingt ans avec un toqué si bien qu’elle a fini aux hospices : à ligoter la pauvre ! Je l’ai pas revue depuis.

Cyranno : Moi non plus… (silence). Ah Clicquot, ça fait plaisir. Ca fait resurgir un tas de souvenirs, hein ?… C’est dingue. Alors qu’est-ce que tu deviens ?

Clicquot : Et bien… pas grand-chose. Et toi ?

Cyranno : Ben pareil… T’es mariée ?

Clicquot : Veuve depuis peu.

Cyranno : C’est dingue ! Raconte.

Clicquot : Y a pas grand-chose à dire.

Cyranno : Raconte toujours.

Clicquot : Lis plutôt. Je viens de recevoir ça de lui. J’ai pas encore eu le courage de l’ouvrir.

Cyranno : (qui lit une lettre tendue par Clicquot) : "Nicole…"

Clicquot : C’est moi.

Cyranno : "Quand tu liras cette lettre, je m’en serai allé. Nicole, tu es la seule qui ait vraiment… crch… plch… cou…"

Clicquot : Qui ait quoi ?

Cyranno : Ben je sais pas, y a une tâche. Rouge. "Tu es la seule qui ait vraiment cou… clou… coupé… campé…""

Clicquot : Compté.

Cyranno : C’est ça, "tu es la seule qui ait vraiment compté pour moi. Je t’ai aimé plus que tout. Tu étais floue…"

Extrait de 5 minutes sur 15 minutes au total